Dans une atmosphère où émotion et indignation se sont mêlé, à la suite du décès tragique et révoltant de cette jeune fille « Justine » âgée 13 ans dans le village d’Asramatou dans la préfecture du Haho, une initiative de WiLDAF-Togo sous la supervision de la coordination WiLDAF-Afrique de l’ouest a tenu à transformer la douleur en action. Le 10 juillet 2025, en partenariat avec les autorités locales, une rencontre stratégique avec les chefs traditionnels et religieux de la région a été organisée pour faire front commun contre les mariages d’enfants, 12 ans après la déclaration de Notse portant sur les pratiques sociales culturelles néfastes affectant les enfants.
Une rencontre forte pour des engagements clairs, c’est l’objectif poursuivi par ce dialogue local organisé dans la mise en œuvre du projet « Justine » qui répond à « une action urgente de protection des jeunes filles contre les mariages d’enfants » a expliqué Donalda Gameho, chargé du projet à la coordination sous régionale WilDAF-AO.
Pendant toute une journée, les leaders coutumiers et religieux ont été invités à une discussion ouverte sur l’identification des normes et facteurs socioculturels qui sont de nature à encourager les mariages d’enfants dans cette localité. A cœur ouvert et dans un débat passionné, empreins de pragmatisme, les participants ont identifié des facteurs et pratiques néfastes susceptibles d’encourager au mariage d’enfant. « Chez les Adja Ewé par exemple, la pratique était à l’échangisme, mais aujourd’hui cette pratique est passé à l’échangisme monétaire » déclarait un participant venu de la commune Haho 2. Une pratique où pour payer une dette, on peut donner une fille en mariage comme ce fut le cas de la pauvre petite « Justine ». Outre cet aspect, la démission des parents vis-à-vis de l’éducation des enfants, le manque d’information, l’ignorance de mécanismes de dénonciations et l’impunité ont été entre autres facteurs évoqués.
« Il n’est pas normal qu’on prenne cette déclaration portant protection des enfants à Notse et que ce soit dans cette même localité que ce cas se produise. C’est une honte et nous devons prendre des décisions et agir maintenant » analysait froidement Togbui Amégnona, chef traditionnel. Cette rencontre de façon unanime a reconnu la nécessité de faire évoluer les mentalités.
Des témoignages poignants, des échanges francs et des résolutions concrètes ont ponctué la rencontre avec l’engagement des leaders traditionnels et religieux de la localité à lutter contre toute union impliquant une mineure dans leurs communautés, renforcer les prédications en faveur de la protection des filles et de leurs éducations.
“Ce que nous avons effectué comme travail ici est énorme à mon avis. Nous sommes arrivés à mettre les vrais mots sur cette pratique.” a renchérit Togbui Amégnona. Loin d’être une action isolée, ce projet « Justine » vient s’inscrire dans la logique du projet Agir pour l’Abandon du Mariage d’Enfant mis en œuvre dans les préfectures de l’Oti, Oti-sud et Tchamba.
Fidèle à sa mission de promotion et de protection des droits des femmes et des filles, WiLDAF-Togo se réjouit de cette « belle initiative qui a été l’occasion de se mettre les vérités en face pour éviter qu’un cas à la Justine ne se reproduise » a déclaré Anne-Colette Kpedji, directrice exécutive de la structure.
Bien au-delà d’une simple rencontre ce projet se veut être un ancrage d’un changement social durable dans le Haho pour lutter contre les mariages d’enfants en mettant l’accent sur les sensibilisations et le plaidoyer tant au niveau local, national qu’international.