A 13 ans déjà, elle s’est éteinte de manière tragique. Justine ( nom d’emprunt), s’en est allée. Peut être que son nom s’efface déjà des mémoires, mais son histoire resonne encore comme un cri d’alarme de plusieurs autres filles face à l’indifférence ambiante de la société.
Justine a payé de sa vie une tradition rétrograde qu’absolument rien ne peut justifier: les mariages d’enfants. Cette tragédie n’est pas isolée. C’est le visage tragique d’un phénomène qui est encore ancré malgré les lois et les engagements internationaux pris par le Togo.
Face à cette tragédie de plus, le mouvement Enfants, pas épouses du Togo interpelle les dirigeants et les populations à une tolérance zéro à travers ce communiqué :
” Le mouvement « Enfant Pas Épouses » du Togo exprime son indignation et sa grande tristesse face au décès tragique d’une adolescente de 13 ans, Justine, qui a été mariée de force à Notsé. Cet incident bouleversant souligne une fois de plus la continuité d’une pratique rétrograde inadmissible dans nos sociétés contemporaines qui est de nature à compromettre le futur de nos filles et qui va à l’encontre de leurs droits essentiels alors que le taux de mariage atteint des seuils critiques dans certaines régions du Togo (95 pour cent dans certaines zones) selon une étude du WiLDAF-Togo.
Le mouvement « Enfant Pas Épouses » saisit l’occasion pour renforcer les actions de plaidoyer mené dans le cadre du projet AAME et dénoncer les dispositions qui favorisent le mariage de la jeune fille enceinte à l’auteur de la grossesse. Ces dispositions ne sont en aucun cas protectrices des filles.
Ainsi nous demandons :
- Une mise en œuvre effective des textes juridiques protectrices des filles;
- Une sanction rigoureuse des auteurs des mariages d’enfants et des auteurs qui enceintent les mineurs sur toute l’étendue du territoire;
- Un investissement accru pour assurer l’autonomisation des victimes de cette pratique
- L’application concrète d’une politique de tolérance zéro contre les mariages d’enfants, soutenue par un suivi rigoureux;
- Un investissement accru dans les moyens de prévention, notamment à travers des campagnes de sensibilisation;
Le mariage d’enfant constitue une violation grave des droits humains, des lois nationales et des conventions internationales ratifiées par le Togo. Nous demandons aux médias de jouer leur rôle d’éducation, aux chefs traditionnels et religieux de s’engager publiquement à lutter contre cette pratique et invitons la population à dénoncer systématiquement ces cas de mariages d’enfants.
Nous réaffirmons notre engagement indéfectible pour une politique zéro tolérance face aux mariages d’enfants au Togo. Aujourd’hui, nous déplorons une tragédie qui ne doit plus se reproduire grâce à l’engagement de chacun des citoyens de ce pays. Il est impératif de prendre des mesures conjointes et urgentes pour défendre et protéger nos filles, leur avenir et les droits qu’ils méritent.”
Abigaël A. ADJABLE
Présidente du mouvement
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